Définir l'Art, et Après ?

«  Certaines activités sont des arts et certaines n’en sont pas. Sont des arts, la musique, la poésie, la composition des paysages, mais pas le jeu d’échec, la philosophie et l’alpinisme. À la lisière, on trouve des couples avec un membre à l’intérieur et un autre à l’extérieur : la danse est un art mais pas la danse sur glace, les romans mais pas les biographies, la calligraphie mais pas la fabrication du papier, le mime mais pas le clown, la sculpture mais pas le culturisme, le grand opéra mais pas la coupe du monde de football, les installations dans les musées mais pas les vitrines des grands magasins. Pourquoi certains matériaux ou processus sont de l’art ? C’est ce que l’on a appelé “le problème du bricoleur”. »

Dominic McIver Lopes, Définir l’art, et après ? (2014),

Traduction de Nicolas Rialland, Rennes, PUR, 2024, p. 161-162.


Dominic McIver Lopes offre ici la meilleure introduction au moment théorique qui a occupé la philosophie de l’art ces dernières décennies : la recherche d’une définition philosophique de l’art. Il en situe l’origine, non dans les limbes d’un passé immémorial, mais plutôt dans la proximité des œuvres déconcertantes de l’avant-garde du XXe siècle. Il souligne ainsi l’incapacité structurelle de toutes les définitions proposées à affronter cette réalité. C’est pourquoi il promeut une ultime théorie de l’art censée mettre un terme à la manière habituelle de poser la question : la théorie de l’art qui passe la main. Derrière cette appellation, on trouve une invitation à renouveler notre manière de comprendre les arts, en les pensant dans une continuité avec les activités non artistiques comme le sport ou la cuisine, mais surtout un plaidoyer pour de nouveaux rapports entre la philosophie et toutes les autres disciplines qui prennent les arts pour objet (l’histoire de l’art et la critique au premier chef). Définir l’art, et après ? est le premier volet d’une trilogie dont Being for  Beauty: Aesthetic Agency and Value (2018) et Aesthetic Injustice (2023) constituent la suite.

Avec le soutien de l’Équipe de recherche interdisciplinaire sur les aires culturelles (ERIAC-UR 4705) de l’université de Rouen Normandie.