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LANGUEDOC - COMTÉ DE TOULOUSE - BERTRAND Denier (1110)Comté de Toulouse, denier (1110) de Bertrand, atelier de Toulouse, (Argent; 19mm; 1,25g).
A/ BERTAN COM (Bertrand, comte). Croix cantonnée au 4 d'un annelet .
R/ + TOLOSA CIVI (légende commençant à 9 heures). (Cité de Toulouse). Croix à long pied entre deux annelets.
LANGUEDOC - COMTÉ DE TOULOUSE – BERTRAND (1105-1112)
Bertrand récupéra le comté de Toulouse après la première occupation de Guillaume IX d'Aquitaine (1086-1127) qui avait duré deux ans (1098-1100). Il dut sans cesse lutter contre ses voisins. Alphonse Jourdain lui succéda en 1112.
« Ce type a été utilisé après le type (Bd. 713) qui s'inspirait du monnayage de Raimond IV (1088-1105). Nous sommes en présence d'un type complètement nouveau qui ne sera pas repris par Alphonse Jourdain. »
Extrait de, LES MONNAIES FEODALES, 2e édition, par Arnaud Clairand et Michel Prieur, pag. 111.
Références : Bd.715 (5 f.) - PA.3683 (80/15)
Toulouse
« Lorsque Charlemagne rétablit, en 778, le royaume d'Aquitaine en faveur de son fils Louis, qui plus tard reçut le nom de Débonnaire, celui-ci était trop jeune pour pouvoir administrer par lui-même un territoire aussi étendu ; aussi son père fut-il forcé d'établir des comtes ou gouverneurs dans la plupart des villes du nouveaux royaume. Chorson fut le premier comte de Toulouse. Ces comtes ne devinrent héréditaires qu'en 852, en la personne de Raimond Ier, dont la postérité masculine conserva son fief pendant quatre siècles complets, jusqu'à ce que Alphonse de France, qui avait épousé Jeanne, fille de Raimond VII, devint, en 1249, possesseur de Toulouse du chef de sa femme. Les deux époux étaient morts à quatre jours de distance l' un de l'autre, au retour de la croisade dans le cours de 1274, le comté vint au roi de France, Philippe III ; mais lui et ses successeurs ne l'administrèrent qu'en qualité de comtes. Il ne fut réuni réellement à la couronne qu'en 1561.
J'ai dis dans ma Description et je répète ici que le monnayage des comtes de Toulouse mérite une attention particulière, et que de son étude on peut tirer la solution de plusieurs problèmes numismatiques d'un haut intérêt. Faute de pouvoir entrer dans tous les détails, je me contenterai d'analyser l'argumentation que je produisais alors.
Les types toulousains eurent une grande influence sur ceux dont se servirent la plupart des autres villes du midi de la France ; ce qui rend nécessaire de bien constater leur origine. Dans cette partie de la France, Toulouse joua le même rôle que Chinon, Saint-Martin de Tours, Limoges, &c., dans le centre, c'est-à-dire, que les empreintes, qui y furent créées, rayonnèrent de proche en proche et s'étendirent assez loin.
J'ai fait remarquer combien les espèces fabriquées tout d'abord à Toulouse offraient un aspect uniforme. Aucune série ne présente une telle homogénéité. Louis-le-Débonnaire commença par mettre sur ses monnaies une croix des deux côtés. Ses successeurs y firent figurer leur monogramme jusqu'à Charles-le-Gros, qui opéra un changement radical en inscrivant ainsi son nom dans le champ : CA RL en deux lignes. Ce dernier type fut plus tard utilisé par les ducs d'Aquitaine. Nous avons ensuite des monnaies du roi Eudes, dont quelques-une à l' cruciforme, et sur lesquelles l'empreinte est fortement dégénérée. Nous avons aussi au nom du même roi des deniers et oboles où ce nom est écrit ODDO, disposé de manière à former la croix. Cette empreinte est fort remarquable, en ce qu' elle offre le point de départ de celle qui fut adoptée à Narbonne et à Maguelone. Les espèces de Toulouse et ce dernier type offrent des variétés si nombreuses, qui diffèrent tellement entre elles par leur poids et leur fabrique, qu'il n'est pas douteux que l'empreinte n'ait été immobilisée pendant quelques temps et que les comtes s'en servirent eux-mêmes, si tant est que ce monnayage ne leur appartienne pas en entier.
Sous Charles-le-Simple naquit une rude concurrence faite au type odonique, et qui finit par le supplanter. Elle fut due au évêques, dont le premier, appelé Hugues, inscrivit son nom dans le champ du revers des monnaies, à la place qu'occupait originairement celui du roi. Ce type donna aussi naissance à celui que les comtes adoptèrent conservèrent pendant trois siècles, en lui faisant subir, il est vrai, diverses modifications. Vers la fin du XIe siècle, cette empreinte dégénérée commença à être convertie dans le mot PAX. C'est l'époque où cette formule devient populaire dans le midi de la France, où nous la retrouvons souvent.
Il est certain qu'à Toulouse, ainsi que nous le voyons dans plusieurs autres villes, le comte et les évêques jouissaient concurremment du droit de battre monnaie et avaient même un atelier distinct. Lorsque les premiers, devenus plus puissants, eurent écarté l'immixtion des autres, ils n'en continuèrent pas moins le type épiscopal, qui était aimé et connu par les populations. Seulement, ainsi que nous le voyons partout, ce type dégénéra si bien, qu'il perdit toute signification.
Outre les deux types principaux que je viens d'indiquer, les comtes de Toulouse en ont adopté divers autres ; ce qui doit faire supposer qu'ils avaient plusieurs officines. Ce fait est d'autant plus croyable, que ces seigneurs étendaient leur puissance sur un vaste territoire et qu'un seul atelier n'eût pas suffit à la fabrication des monnaies nécessaires pour alimenter tout le comté. Un de ces ateliers est bien connu, c'est celui de Saint-Gilles, dont la monnaie fut appelée Egidienne ; on y employa le type de l'agneau pascal. Une empreinte particulière fut aussi choisies pour les espèces émises dans le marquisat de Provence. Nous en possédons deux types distincts, qui furent longtemps employés, si nous en jugeons par le grand nombre de variétés venues jusqu'à nous, et qui ne furent changés que lors du règne d'Alphonse de France. Celui-ci, tant sur ses monnaies du comté que sur celles du marquisat et même des autres seigneuries qu'il posséda, se servit du type tournois. Il n'y eut, sous son règne, que deux rares exceptions que je ferai connaître, en décrivant les monnaies de ce prince.
Je ne dois pas abandonner le type toulousain, sans faire une observation importante. On voit figurer sur les monnaies de ce pays, émises dans les premiers tant de la période féodale, les noms de divers rois de France, lesquels furent changés à presque chaque avènement nouveau. Ce fait paraît une dérogation au principe de l'immobilisation des types carlovingiens ; il est facile de l'expliquer. Quoique devenus héréditaires depuis le règne de Charles-le-Chauve, et si puissants qu'ils fussent, les comtes de Toulouse ont tenu à rester en bonne intelligence avec les descendants de Charlemagne, dont la protection leur était utile pour se défendre contre les ducs d'Aquitaine, leurs redoutables voisins. Ils ne manquèrent pas, aussitôt que leur pouvoir fut suffisamment affermi, de se débarrasser de cette espèce de vasselage, et leurs monnaies rentrèrent dans la loi commune.
Les comtes de Toulouse et ceux de Barcelone ont eu, à différentes fois, des points de contacts entre eux, et cette circonstance dut influer nécessairement parfois sur le type des monnaies. Je n'ai point de données assez certaines, pour élucider cette question de déterminer jusqu'où cette influence a été poussée. Je me contente de la signaler aux recherches des Numismates du Midi.
La série des monnaies des comtes de Toulouse était déjà assez riche au temps où Duby écrivait son ouvrage, puisqu'il a pu en publier trente et une. Je me félicite de tripler ce nombre, et celles que j'ajoute ne sont pas certainement les moins intéressantes. La collection de M. Soulages, à Toulouse, est celle qui m'a offert le plus grand nombre de nouveautés. »
Extrait de Monnaies féodales de France, Tome II, par F. Poey d'Avant, pag. 237-238.