Voici une autre petite grecque chinée à la Bourse de Brongniart, moins prestigieuse, mais issue d'une belle cité "Éphèse" et qui, à mon sens, mérite tout autant d'intérêt !
Petit Bronze d'Asie Mineure - Ionie - Ville d'Éphèse
-202/-113 av. J.-C. - Bronze - Ø 19 mm - 3,85 g - axe du revers à 12h - R
Droit : Abeille vue de dessus, E - Φ de part et d'autre de l'abeille, le tout dans une couronne de laurier,
Revers : Cerf debout, derrière un palmier, lettre ? à dr., monogramme ? à g., (nom du magistrat) ????? à l'exergue..
La symbolique - Depuis les périodes archaïques, le symbole de l'abeille est présent sur le monnayage éphésien (représenté de profil à cette époque). L'Artémis éphésienne dont les attributs essentiels sont le cerf et l'abeille, était une divinité asiatique que les grecs, assimilèrent à leur Artémis. Le grand-prêtre de son temple était appelé "Essen" "le roi des abeilles" ou "le roi de la ruche" et les vierges, prêtresses de la déesse, portaient le nom "d'abeilles".
L’historique - Éphèse est une ville portuaire antique (située à proximité de la ville actuelle d'Izmir en Turquie), l'une des douze cités d'Ionie. Connue pour ses sanctuaires, notamment le temple de la déesse Artémis qui compte parmi les Sept Merveilles du monde antique, la cité a livré des sculptures de Phidias et de Polyclète lors des fouilles entreprises depuis 1863.
Probablement fondée au XIe avant Jésus-Christ par des Grecs ioniens, Éphèse sera successivement conquise par les Cimmériens (VIIe siècle avant Jésus-Christ), par Crésus, roi de Lydie (VIe siècle avant Jésus-Christ) puis par le roi de Perse Cyrus le Grand.
Les historiens antiques Strabon et Pausanias prétendront qu'Éphèse avait été fondée par les Amazones (Éphèse serait dérivé du nom de l'une d'entre elles ”Apasa”).
Bien que ses vestiges soient situés près de sept kilomètres à l'intérieur des terres, Éphèse était dans l'Antiquité, et encore à l'époque byzantine, l'un des ports les plus actifs de la mer Égée ; il est situé près de l'embouchure du grand fleuve anatolien Caystre. L’Artémision, le grand sanctuaire dédié à Artémis, la déesse tutélaire de la cité, qui comptait parmi les Sept merveilles du monde et auquel Éphèse devait une grande part de sa renommée, était ainsi à l'origine situé sur le rivage. C'est l'œuvre combinée des sédiments charriés par le Caystre, des changements climatiques, et peut-être d'accidents sismiques, qui explique le déplacement progressif de la côte vers l'Ouest, et l'ensablement subséquent des ports de la ville, prélude de leur abandon.
C'est au milieu du VIIe siècle, qu'apparurent les premiers monnayages publics. Avec l'essor de l'activité portuaire et commerciale, des taxes portuaires furent mises en place au début du VIe siècle. La cité s'enrichit de plus en plus et, en 570, lorsque les voisins Samiens se dotèrent d’un temple monumental, les Éphésiens ne purent souffrir que la puissance et la splendeur de leur cité soit surpassée. Ils décidèrent donc de faire construire un temple plus grandiose encore, et, à cette fin, ils n’hésitèrent pas à faire venir des architectes de Crète.
La cité devint à cette époque un véritable foyer culturel. De nombreuses écoles virent le jour : médecine, rhétorique, philosophie, etc. Cette profusion culturelle fit d’Éphèse un centre intellectuel et artistique de tout premier plan dans le monde méditerranéen.
Références : GC Sear 4411 / BMC 16 - page 62, n°142